Le Food Security Journal vient de publier la feuille de route de la Conférence de Bellagio contre les maladies du manioc, le document-outil élaboré l’année dernière pour lutter contre la maladie de la mosaïque et celle de la striure brune, la première étant présente dans toute l’Afrique et la seconde se propageant rapidement notamment vers le centre et l’ouest de l’Afrique, causant d’importantes pertes lors des récoltes.
« Nous sommes passés d’une déclaration de guerre à un véritable plan d’action », se félicite Claude Fauquet, le directeur du Partenariat mondial pour le manioc au 21ème siècle (GCP21) et l’instigateur de la rencontre d’experts à Bellagio, en Italie, en mai 2013. Une quarantaine de chercheurs venus de tous bords – de l’agronomie aux sciences sociales – s´étaient alors penchés sur les lignes d’action nécessaires pour éradiquer des maladies qui ravagent une des cultures les plus importantes dans les pays en développement.
« Le manioc a prouvé être une culture qui tolère les sols peu fertiles, et adaptée aux conditions climatiques extrêmes comme la sécheresse. Il nourrit aujourd’hui quelque 800 millions de personnes dans le monde, en majorité en Afrique, mais aussi en Amérique latine et en Asie », rappelle Claude Fauquet. Le manioc connaît par ailleurs une demande croissante dans l’industrie alimentaire, en raison de l’amidon qu’il contient.
Organisation multi-partenaires, le GCP21 a été créé en 2003 afin de créer les synergies nécessaires en faveur de la production et de la consommation du manioc au niveau mondial, dans l’optique de développer son potentiel pour renforcer la sécurité alimentaire et contribuer au développement dans les régions les plus défavorisées. Le GCP21 est devenu une plateforme importante pour le Programme de recherche du CGIAR sur les racines, tubercules et bananes (RTB), après que leur alliance ait été formalisée en 2013.
« Nous avons encouragé la publication du plan de Bellagio en « Open Access », c’est-à-dire en accès gratuit, afin de mieux le diffuser et d’encourager d’éventuels partenariats additionnels, explique Graham Thiele, le Directeur du RTB. « Les efforts en faveur de la culture du manioc porteront leurs fruits au niveau mondial seulement s’ils sont correctement articulés et si les investissements sont bien utilisés, et nous pensons que le plan de Bellagio est un élément fédérateur qui va y contribuer », ajoute-t-il.
Prochainement, des experts du RTB, de l’IRD, du Cirad, du CORAF, de l’ASARECA, de l’AATF et de BecA-ILRI, ainsi que des représentants de 13 pays africains, se rencontreront afin de se mettre d’accord sur les premières étapes de mise en œuvre du plan. La rencontre, prévue du 10 au 13 juin 2014 sur l’île de La Réunion, dans l’Océan Indien, portera sur la surveillance et le diagnostic des maladies du manioc, ainsi que sur la circulation des matériels de plantation au niveau mondial.